Marmande. Activité commerciale: une autopsie inquiétante du centre-ville

Symbole d’une vitalité urbaine, la rue Charles de Gaulle a perdu de sa superbe. Ça saute aux yeux, plusieurs commerces ont tiré leur rideau. Marmande vit une situation préoccupante

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« Autrefois, la rue Charles de Gaulle était prospère. De nos jours, elle vivote », précise Christophe Candelon. De père en fils, la boutique de chapellerie est tenue depuis 50 ans. (© Le Républicain: D.E.)

Par Dominique EmpocielloPublié le 23 Jan 21 à 9:16  mis à jour le 23 Jan 21 à 9:39

Certes, on vous le conçoit, il y a eu quelques transferts d’activité en d’autres lieux. Mais pas que, puisque des franchisés ont disparu du paysage marmandais.

Cela en dit long sur un secteur en souffrance. Certaines enseignes nationales trinquent, entraînant avec elles leur réseau. Pas moins de 17 emplacements (soit 30 % des locaux) sont abandonnés, libres de tout acquéreur.

De la prospérité à une décadence

Il fut un temps – l’âge d’or dans les années 80-90 – où l’artère principale de la ville grouillait de consommateurs, suscitait un vif engouement auprès d’investisseurs, de locataires, ne jurant alors que par cette rue florissante, porteuse d’espoirs en termes de chiffre d’affaire.

De nos jours, ils y réfléchissent à deux fois avant de se lancer. Marmande, comme la plupart des villes de moyenne importance, perd de son attractivité en centre-ville, aux dépens d’un développement galopant en périphérie.

Disparitions de commerces dits « essentiels »

« Cette morosité ambiante est constante d’année en année. Le commerce n’est plus ce qui l’était. Autrefois, la rue Charles de Gaulle prospérait avec ses deux boucheries, ses quatre boulangeries et pâtisseries, son épicerie, ses commerces dits essentiels. Ce qui la rendait d’autant plus attractive. L’offre de services en faisait sa force. Tenez par exemple, tous les magasins de sport ont fermé. Tout ça a disparu, hélas », regrette Christophe Candelon, à la tête du magasin de maroquinerie et chapellerie.

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De père en fils, cette famille, installée depuis 1971, est proche de tirer sa révérence. 

« Je ne suis pas loin de la retraite. Si vous connaissez un client, mon immeuble est en vente.» Chez les « indépendants », cette figure est à classer parmi de rares dinosaures, en voie d’extinction. Ceux qui résistent, ceux qui subsistent tant bien que mal.Vidéos : en ce moment sur Actu

Facteurs de désertification

Sans sombrer dans un scepticisme exacerbé, « disons que monter un commerce aujourd’hui en centre-ville est un pari osé. » 

Selon lui, cette décadence est la combinaison de plusieurs facteurs: « l’expansion commerciale de l’axe de la route de Bordeaux, les grandes surfaces et leurs parkings, la rocade détournant les clients de la ville, la concurrence d’internet (NDLR: une croissance exponentielle du e-commerce ces dernières années), puis, plus largement, les changements de mentalité dans la société de consommation d’une génération à une autre. » 

Il fait allusion aux jeunes, formatés pour faire leurs emplettes sur les sites. Leur mode de vie est accès sur le drive, sur le digital.

Loyers commerciaux à la baisse

Le turnover des enseignes dans la rue Charles de Gaulle interpelle aussi. Cette instabilité fragilise le tissu commercial local. Les propriétaires d’immeubles en sont conscients.

«La plupart révisent sensiblement leurs loyers à la baisse. A une époque, ils étaient surévalués. Mieux vaut pouvoir compter sur un locataire sûr que d’avoir un local inoccupé», avise une autre commerçante qui a fait l’expérience de cette flambée des prix

« Les tarifs des loyers se négocient aujourd’hui. Certains ont diminué cette charge de 30 jusqu’à 50%. C’est dire si la santé du commerce en dépend. »

Rue Faye: 15 locaux inoccupés

Marmande se vide de ses commerces. Le cœur de ville perd de son charme. Dans le prolongement de l’artère principale, la rue Léopold Faye subit tout autant le contrecoup d’une désertification. Il est recensé une quinzaine de devantures fermées.

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La rue Charles de Gaulle a bien changé depuis 20 ans. La perte d’enseignes porteuses, comme Casa par exemple, a causé du tort aux boutiques du coin. Fort heureusement, il reste encore des commerçants sachant tirer leur épingle du jeu, en misant sur le qualitatif, sans forcer sur les prix.

Les soldes: une bouffée d’oxygène

Depuis le 4 janvier, la fréquentation des clients s’est nettement ralentie. « Après les fêtes de Noël, on a ressenti une profonde cassure. C’est dommage que le gouvernement ait repoussé la période des soldes du 6 au 20 janvier », souligne une commerçante de prêt-à-porter.

Si la plupart des enseignes appliquent souvent des ventes privées, les soldes d’hiver, pendant un mois, seront vitales dans le besoin impérieux de se refaire une santé financière, d’écouler les stocks de saison.

La crise du Covid-19 a chamboulé la vie de toute une chaîne, des fournisseurs aux détaillants, de la confection à la vente, en passant par les sociétés de livraison.

Pour plusieurs commerçants, ces soldes seront un moyen de lutter pour la survie de leurs magasins.

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